mercredi 30 décembre 2009

Un orage ? Non, une tempête

Il ne dit rien.
Je ne dis rien.
Pourquoi dirait-il quelque chose ? Il n'a rien à dire. Et le silence se prolonge. Interrompu seulement par quelques uns de ses soupirs. Et quelques unes de mes respirations de coeur. Je n'ose parler. J'ai trop peur de ce que je vais entendre, mais surtout de ce que je vais pouvoir dire. Tous mes mots. Soigneusement préparés. Tous mes mots ne serviraient à rien. Pourquoi n'arrive-je même pas à le rassurer. Je sens que ma seule présence l'insupporte, il ne veut même pas que je le touche. Se contractant au moindre contact. A la moindre caresse.
De son côté, l'ordinateur ne cesse de cracher des grands classiques musicaux. De la bonne vieille musique. Je reconnais certaine oeuvre au passage. Mozart, Beethoven.
A chacun de ses mouvements, un soupir jaillit, en écho. A moins que ce ne soit les mouvements qui ne soit écho aux soupirs. Et mon coeur brûle, poignardé en son centre. Je ne comprends pas. Moi qui hier jouissait de ma friandise, avec son parfait accord, je l'ai aujourd'hui perdu. Par ma faute qui plus est. Que faire ? J'ose à peine bouger. Me lever est pour moi impensable. Tout comme lui parler.... Irréalisable.
Il se lève soudain, me surprenant, et coupant la musique de son ordinateur, commença à pianoter dessus. Je n'existe pas. Je n'existe plus. Son poing serré et sa respiration lourde me clouent sur place. Je ne peux bouger. Et il continue de se cloîtrer dans son silence obstiné et têtu. C'est que monsieur est très têtu. Continuant de m'ignorer, il prend une feuille, et un stylo et se met à écrire.
Dis-moi que tu ne fais pas cela... Dis-moi que tu me reparlera un jour et que ses mots écrit à la va-vite ne me sont pas destiné... Dis-moi que ce n'est pas mon avis d'expulsion.... Dis-moi...
Il pose la feuille, pliée soigneusement en quatre sous son ordi. Ce n'est pas pour moi. Un léger soulagement décompresse infiniment la boule qui s'est logé sur ma poitrine.
Une fois, je l'entends murmurer " quarante-cinq " et je ne sais pas ce que cela signifie. Je ne sais pas si c'est pour lui un moyen de me prévenir de l'heure et de me dire que je dois me rendre en cours. Dans ce cas là, il se trompe, il est 2h45 zet non pas 3h45, ou bien une façon de se rappeler à lui-même l'heure, histoire pou lui de calculer le temps restant à passer en ma compagnie, si je ne suis pas partie avant. De toute façon, je ne peux bouger. Je dois faire quelque chose. Mais son attitude m'en empêche. Je suis pris dans un étau. Entre lui et moi. Je veux Résoudre le problème mais je n'en suis poitn capable. A quoi bon cela sert-il de manipuler les mots, si dans les situations les plus sensibles, je ne sais que me taire. Parfois, les mots ne servent à rien. Ils sont trop impuissants. Comme maintenant.
J'ose avec témérité aller m'asseoir sur le rebord du lit, lit où il s'est réfugié. Il ne montre aucun signe qui acceptent ma présence, ou qui la fuit. Un progrès ? Peut-être pleure-t-il. Ce ne serait pas la première fois que je le découvrirait en larme, mais la première fois où je ne serais que faire. Quand c'était arrivé, je l'avais rassuré à mes caresses, sachant les mots inutiles, or là, je sais pertinemment que je ne peux le toucher. De plus, il s'est emmailloté dans des couvertures ; couverture qui rendent la manoeuvre plus difficile. Lequel de nous deux est le plus maladroit ? Bonne question.
Je risque un regard derrière mon épaule, et le trouve en pleine contemplation de son téléphone portable. Comme il parle à mi-voix, j'émets l'hypothèse qu'il doit relire des anciens messages ou converser avec l'un de ces amis. Peut-être avait'il relu un des miens, pour contraster entre ce qui se passe ici, et ce qui avait pu se passer. Prenant de plus en plus de courage, je me mis dos à son mur, après qu'il eut finis de remuer. Je n'ai croiser son regard qu'une fois et encore, je crois que c'était par erreur. Quand il avait ouvert les yeux, il n'avait pas dû s'attendre à ce que je le fixa si intensément.
Sans me regarder, il prend la parole. Ce qu'il m'annonce retourne le couteau dans la plaie.
Et Vlan, prends ça dans ta gueule ma vieille. Là, je devrais lui sortir que je l'aimais encore.
Mais il m'annonça que l'on aurait dû se séparer.
J'attrape mes chaussures, retourne à l'autre bouts de la pièce et commence à les lacer, endiguant une vague venant de mon coeur.
Un grand silence s'ensuit. Plus dramatique que le précédant, qui lui était plus... oppressant.
Je prend sur moi et ouvre la bouche pour la troisième fois. Je lui dis la vérité mais je sens qu'il ne me croit pas. Pourquoi me croirait-il ? Je m'était conduite en parfaite idiote. Salope, même.
" Je n'ai plus confiance en toi. "
Je m'en doutais.
Pause dramatique.
Mon coeur se déchire.
Mes chaussures fraîchement remises me font froid au pied. J'ai envie de pleurer.
"Et si ça continue entre nous, il faudra que je me méfie dès que je ne suis plus là. "
Vlan. Je veux pleurer. Mais ça ne sert à rien.
Tu as autre chose à ajouter pour m'achever ? Non, si ? Ben vas-y, balance.
Tue-moi.
La conversation continue, sur le même ton quel avait commencé. Des mots lâchaient du bout des lèvres. Sans tonalité. Efficaces, rapide et précis pour lui. Maladroit et suppliant pour moi. Tous ceux qu'il me dit se fichent dans mon coeur. Il continue. Je veux partir. Je veux pleurer. Je reste et retiens mes larmes. C'est mon jugement. Je ne peux y déroger. J'assiste à mon procès. Je suis navrée et lamentable. J'ai déjà perdu, a quoi bon ?
Il n'a plus confiance en moi. Il me l'avait donné. Je l'ai lapidé. Je ne suis qu'une petite égoïste narcissique et manipulatrice. Sans compter qu'il doit avoir plus de valeur de d'estime dans un de des doigts que moi toute entière. Je ne suis qu'une petite abrutie.
Le verdict tombe. Sans appel. Je ne me défend même pas. Pourquoi le ferai-je ? Je plaide coupable. Coupable sur toute la ligne.
L'envie de pleurer reviens. Plus forte.
Soudain, alors que je suis au bord du gouffre, je l'entends qu'il se lève. Il m'enlève mon bloc-note et mon stylo des mains, il m'attrape par les doigts, me fait me lever.
J'était complètement perdue, je suis parfaitement paumée.
Il me prend dans ses bras.
" Je veux te faire confiance, je peux ? "
Il me demande de le regarder dans les yeux. Malheureusement, les perles de pluie menaçant au coin de mon regard m'en empêche. Je me réfugie sur son épaule et pleure. Depuis le temps que ça menaçait...
" Je t'aime et je veux pouvoir te faire confiance. "
Non, là, c'était le truc à ne pas dire. Les larmes dégouline et humidifient son épaule.
Surtout que je suis surprise de ce revirement de situation. Je ne sais toujours pas où me mettre. Et je pleure, comme une idiote. Je ne peux pas m'arrêter. Est-ce de soulagement ? Je m'attendais à une fin, une rupture, je me retrouve dans ses bras. Je suis un peu plus soulagée. Et pas des moindres. Je suis dans son étreinte et il me sers. Je me niche.
L'orage est passé. Je suis d'autant plus étonnée que je ne l'attendais pas. Que je ne savais pas qu'il allait en avoir un. Que je ne savais pas qu'un orage se préparait.
En quelque minute, j'ai été écarteler puis soigné.
Ses bras se referment sur moi en un murmure.
" Je t'aime "
Je ne sens pas la lame qui s'enfonce dans mes côtes. Qui transperce mon coeur.
Il me regarde, une violence dans le regard que je ne saisis pas. Pourquoi ?
Pourquoi ?

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Le mot résonne sur les murs et s'effondre avec elle. Son sang parfume encore mes mains. Je n'aurais pas dû la tuer, mais si je la laissais vivante, elle n'aurait jamais été complètement mienne. Ma mienne à moi. Et cette pensée m'est intenable, maintenant elle n'est à personne.
Personne ?
Je regarde son coeur sans vie, son corps encore chaud, les larmes coulant toujours sur son visage, elle semble m'implorer d'une dernière prière. Ne t'inquière pas Ange de mon âme, j'arrive. Ton souhait sera exhaussé. Je me dirige vers mon lit, en soulève le matelat, une arme se découvre. Une arme à feu. J'esquisse un sourire en imaginant la tête de Jérôme. Il devait venir cet après-mide.

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Je marche, dans la rue, il n'y a personne. Le froid hivernale nous a tous surpris et les gens restent chez eux, au chaud. Moi, je me rends chez mon ami, et je ne raterais cela pour rien au monde. Il y aura sans doute elle aussi, ils ne se quittent jamais ses dernier temps.
En me rapprochant de sa maison, un sombre pressentiment me fait accélérer le pas, puis n'y tenant plus je cours, et m'arrête à bout de souffle devant sa porte. Alors que je m'apprête à toquer à la porte, un tir retentit. Une déflagration. Mon geste reste suspendu dans les airs et j'attends sans vouloir me l'avouer, une seconde vague.

Seconde vague qui ne viendra pas. D'après l'enquête de la police, il l'a d'abord tué, elle, au couteau, avant de se suicider, lui, avec le pistolet.

Après toute ses années, je ne peux pas m'empêcher de lui en vouloir, à elle. Non mais c'est vrai ça, pourquoi avait-elle besoin de faire courir cette rumeur sur sa prétendu infidélité ? Je connaissais mon ami, il ne la croyait pas capable de mentir. Il l'avait cru. Je vous jure, regarder où ça les a mené ! D'accord, elle avait un cancer en phase terminale et ne voulait pas finir sur un lit d'hôpital. Mais franchement, il y a mieux, comme mort, non ? Mieux que d'être poignardé par l'homme que vous aimez..... Non ?

J'espère que vous êtes heureux au paradis, bande d'enfoiré !


dimanche 6 décembre 2009

Dad.

C'est d'abord une main qui se tends.

Qui vous empêche de tomber.
Qui vous rassure.
Qui vous tiens la votre.
Qui vous guide.


C'est une voix.

Qui vous appelle.
Qui vous gronde.
Qui vous réconforte.
Qui vous explique.

C'est aussi de grandes jambes.

Qui vous entraînent dans de grands pas.
Qui vous amènent là où vous voulez être.
Qui font des promenades.
Qui vous courent après.


C'est des bras.

Qui vous enserrent.
Qui vous enlacent.
Qui vous retiennent.
Qui vous protègent.


C'est également un regard.

Qui peut être noir d'encre.
Qui peut avoir cet éclas de malice.
Qui peut se troubler dans le lointain.
Qui nous observe grandir.


Papa, c'est tout ça.
Une voix.
Un regard.
Des bras.
Des grandes jambes.
Une main.

Mais aussi une présence.
Une présence de toujours,
une présence de tout les jours.

Tu étais, es, seras là.
Toujours.
Pour moi.

Dad.

Bon anniversaire en retard.