samedi 18 avril 2009

Vivre et Mourir...

Mourir. Un mot, tant de sens. Un sourire passe. Si seulement elle avait compris. Mais non. Elle avait vécu. Sans comprendre. Ni même chercher à comprendre. Pourquoi était un mot qu'elle ne connaissait pas. N'avait jamais appris. Et maintenant... Un second sourire, plus fugace encore que le premier. Si cela est possible. Elle ouvre les yeux. Blanc. Les ferme. Noir. Ouvre. Blanc. Ferme. Noir. Elle les garde clos. Le blanc du plafond de l'hôpital est trop cru pour elle. L'hôpital. Un bien grand mot. Un bien grand mot pour ces murs blancs, prêt à tomber au moindre souffle. Un bien grand mot pour ces quatre infirmières et trois chirurgiens. Un bien grand mot pour ces trois bouteilles de désinfectant, ces cinq bobines de fil, ces deux scalpels qui se battent en duels dans un placard en proie au mites. Mais un hôpital tout de même.

Mourir. Elle le sera peut-être tout à l'heure. Dans quelques respirations, quelques battements. Un poing se ferme. L'autre n'existe plus. Poing de résolution. Elle ne peut pas mourir. Pas encore. Pas tout de suite. D'abord, elle doit se souvenir. Se rappeler. Après elle pourra rejoindre les autres. Là-haut. Si un là haut existe. Elle y croit. Veut y croire. En fait, elle ne croit plus à grand chose. A rien. Elle a perdu sa croyance avec sa jambe. Quel ironie. Elle ne croit pas en Dieux, mais mourir lui fait tellement peur qu'elle imagine à un "autre monde" . Elle y avait toujours cru. Sa vie était pavé de chimère, de rêves impossible, d'autre monde, d'Ailleurs. Toujours mieux qu'ici en plus. Mieux que ce monde réel qui lui faisait peur. Peur... Souvenir...

Vivre. C'est ce que cri ce bébé. C'est ce que le monde entier entant. Cri de joie. Larme de bonheur. Si tu savais petit être fragile, si tu savais ce qu'il t'attends. Mais non, tu ne sais pas. Tu es trop jeune, tu veux juste vivre. Et c'est ce que tu fais. Te voilà sur ton vélo, ici à noël, là avec la naissance de ton frère. Tu grandis. La vie passe. Profite. Tu en profite. Croquant dans cette chance à pleine dents. Curieux de tout. Et de rien. Emerveillé par ce miracle, pourtant, ne demande rien. Tu attends qu'on t'explique. Mais si tu ne demande pas, on ne t'explique pas. Alors tu apprends par toi-même. Et grandis encore. Le collège maintenant. Les premiers amours, les premières déceptions... Tu vis. Le lycée. Lycée où tout a commencé. Si tu avais su... Mais on ne peut jamais savoir.

Vivre. C'est ce que hurle tes baisers. Ton âme, ton corps. Avec ce garçon, elle meure pour la première fois. De bonheur. Car la question n'est pas posé. Oui, on peut mourir de bonheur. Elle vivait à travers lui, il était devenu son unique raison de vivre. Son unique raison. Avec sa famille. Famille. Pouvait-elle l'appeler encore comme cela ? Ce radeau brisé, désunis. Ce bateau à la dérive. Ces naufragés emplis de haine ? Ce bateau qui lui a brisé le coeur, la tuant pour la première fois ? Non, elle est seule. Avec lui. Lui et elle. Elle et lui. Puis il y a le choix. "Aucun choix n'est le bon, il y en a seulement des moins mauvais. " D'où cela venait-il ? Elle ne le savait pas. Mais, cette phrase était tellement vrai. Elle n'avait cessé d'y penser après. Après. Après ce choix. Un choix qui la perdit. Sans jamais la retrouver. Pas entière du moins.

Mourir. Elle ne l'a pas vu arriver pour cette première fois. Cela lui est tombé dessus sans crier gare. Elle lui avait confiance. Elle lui avait donné son âme. Il lui avait cassé. Elle était partit. L'humanitaire. Après avoir souffert, elle voulait aider les autres, pour tenter de combler le vide qu'elle avait entre l'estomac et la gorge. Elle était parti. Il ne l'avait pas attendu. Elle l'attends encore. Cela sert-il d'attendre un mort ? Son coeur, son âme. Elle se bat, pour elle, pour les autres. Une autre déception. Elle avait pensé que son exemple aurait suffit, mais non. Personne ne l'avait suivi, compris soutenu. Elle avait perdu son esprit. C'était sa troisième mort. Elle aurait dû s'arrêter là, mais non. Elle avait persévéré. Continuer à avancer dans cet impasse. Elle n'avait pas vu les signes, ne voulait pas les voir.

Mourir. Puis il y avait eu cette mission. Elle s'y étais engagée. Sans recule, sans hésitation. Pour combler le vide en elle. Ce vide qui s'était accentué. Une mission dangereuse pourtant. Elle avait fait ses bagages, et était partit. Elle était loin quand la guerre s'était déclenché. Loin. Trop loin. Et ce fut trop tard quand elle l'apprit. Ils étaient déjà tous mort. Bombardement, ils avaient dit à la radio. Génocide elle avait traduit. Mais elle ne pouvait faire le deuil. On avait besoin d'elle. Ici, maintenant. Elle avait continué la guerre c'était rapproché. Au début, c'était des avertissements à la radio, puis des bruits de bombes au loin. Et enfin, les combats. Elle était restée. Fichu obus. Elle avait perdu son corps. Elle était morte une quatrième fois.

Mourir. Vivre. La mort était une renaissance. Et si vivre était mourir. " Alors je vais naître " Maintenant, elle avait revue sa vie. Elle pouvait mourir. Une cinquième fois. Elle pouvait aller rejoindre ses amis, ses parents. Lui. Son oreille entends la sirène. Celle qui annonce les bombardements. La sirène de la mort. Elle imagine quelque part, dans le ciel, un obus se dirigeant vers l'hôpital. Les personnes alors à l'intérieur panique. Sorte les blessé, ceux qui peuvent être soignés, pas les mourants, pas elle. Dans un dernier sursaut d'énergie. Elle se relève et regarde ses membres manquant, la photo sur son chevet. Une dernière pensée ? Oui. Est-ce qu'elle sera entière, ou est-ce qu'elle aura toujours son bras et sa jambe en moins là-haut. L'obus file dans le firmament. Messager de mort. Un dernier mot ? Oui. Pourquoi. Pourquoi tant de violence ? Pourquoi tant de mort ? Pourquoi les êtres humains sont si stupide ? Elle ferme les yeux. Noir. Impact. Mort. La cinquième.

Là-haut, dans le ciel, une étoile s'allume.


Thanks for reading.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis contente que ce blog reprenne vie et cette histoire est très belle,tu me manques ,
YOUR MOTHER

Apolline a dit…

Je viens de lire ton texte Charlotte. C'est vraiment magnifique, bravo.
J'ai frissonné à la dernière phrase, et eu les larmes aux yeux au dernier mot!
(et crois moi, c'est bon signe)

Ta petite cousine qui crois en toi, et à qui tu manques beaucoup.